Fleuve Sénégal

La croisière du Bou El Mogdad

 

Remonter le Sénégal de Saint-Louis à Podor, c’est remonter le temps ! Une plongée dans l’histoire d’un pays et de son fleuve. Construit dans les années 50, le Bou El Mogdad résume, à lui seul, la fierté de ses habitants. Au gré des escales, on découvre un peuple migrateur, des villages ethniques et son passé colonial.

 

Une croisière mythique !

 

La croisière sur le fleuve Sénégal commence toujours à Saint-Louis et fini à Podor, ou l’inverse. Le début d’un voyage est une porte d’entrée dans l’histoire du pays. A notre arrivée, l’atmosphère y est familier. Comme du déjà vu, avec l’emblématique pont Faidherbe, l’hôtel de la poste célébré par l’aviateur Jean Mermoz ou les maisons teintées d’ocres le long des quais, témoin d’un passé colonial pas si lointain. Surnommée la « Venise africaine », la ville est coupée en trois avec son centre historique sur l’ile centrale et le quartier des pêcheurs sur l’étroite langue de sable qui caresse l’océan atlantique. Mais pour nous, il est temps de rejoindre le Bou EL Mogdad. Monter sur ce bateau mythique est un privilège. Bien connu des Saint-Louisiens, il fait partie du patrimoine de la ville.

Au lever du jour, la corne de brume sonne le départ. Rapidement, une première halte s’impose avec le passage de l’écluse du barrage de Diama, barrière entre l’eau de mer et l’eau douce. Petite vitesse et grand spectacle, le paysage défile au rythme des roseaux jusqu’à la réserve de Djoudj.

 

Parc du Djoudj, le paradis des oiseaux

 

Troisième parc ornithologique du monde, trois millions d’oiseaux se donnent rendez-vous de novembre à avril dans ce marécage qui servit de décor au film « Peuple migrateur ». Ballets de cormorans ou de sternes, balbuzards pêcheurs, escadrilles de flamants roses, hérons cendrés à l’affut, le spectacle est partout. Plus loin, sur leur nichoir, une colonie de pélicans se toilettent avant leur partie de pêche. Le lendemain, nous remontons les méandres du fleuve jusqu’à Richard Toll, la ville de la canne à sucre. L’usine alimente 80% du marché national et en période de brulages, le spectacle est dantesque !

 

Le royaume Toucouleur

 

L’étape suivante est la forêt classée du Goumel. Dans le village de nomades, les éleveurs peuls veillent sur leurs troupeaux de chèvres tandis que les femmes s’affairent à recouvrir les huttes de feuilles de roseau. Direction les anciens comptoirs de Dagana, son marché et son ancien château. Le lieu expérimente la culture de plantes médicinales contre le paludisme et certains cancers. Nous remonterons le fleuve pour entrer au cœur du sahel africain, dans le royaume Toucouleur. La tranquillité des eaux ne sont perturbées que par le barbotage des enfants et des mères lavandières, aux pagnes multicolores. Le village de Déguembré, entièrement construit en terre, vit en autarcie. Culture du riz, pêche, élevage de chèvres et zébus, école en langue française, les Toucouleurs se débrouillent seuls. Pourtant, l’accueil de toubabs, ces blancs venus d’ailleurs, reste un moment de partage autour d’un méchoui nocturne. Quelques boucles de fleuve plus tard, nous apercevons Podor, un ancien comptoir de la colonisation française. Une page de l’histoire de France, à l’image du fort construit par le général Faidherbe, qui servit de base de recrutement aux tirailleurs Sénégalais.